Notes |
["Fragment du livre X en traduction:\n\nDès que Germanicus eut appris le retour de Silius et de Flavius, arrivant des bords du Mein, il ordonne les apprêts du départ. Son âme magnanime éprouve la plus tendre pitié des chagrins de la sensible Agrippine, qui, vaincue par les soucis qui l'accablent, le serre entre ses bras et le presse sur son coeur. 'Ah! lui dit-elle avec une douleur touchante, la tyrannie de Tibère te menace à Rome; et dans la Germanie tes jours sont en bute à la rage des ennemis; ici, la fureur, là, la haine peuvent t’être fatales. Hélas! ta triste Epouse est-elle donc condamnée à nourrir d'éternelles craintes? Je sais ce que ta gloire exige, ce que la nécessité commande; mais au moins, si tu veux que je vive, daigne songer à ta conservation; que l'image de ton épouse et de tes enfants, encore si jeunes, te soit toujours présente: c’en est fait de ta famille, Germanicus, si les Dieux ne veillent sur toi.' 'Calme tes agitations, réplique le Prince attendri, peut-être tu t'attristes en vain; ne laisse point abattre ton âme par une faiblesse peu digne d'elle; les Dieux favorables me feront vivre pour toi, et triompher d'Arminius.' En achevant ces mots le Héros essuie d'une main bienfaisante les larmes de son Epouse; il embrasse tendrement le jeune Cajus, et prend dans ses bras le dernier fruit de son hymen, encore au berceau: ces enfants reconnaissent à peine leur père sous son arrnure brillante; bientôt ils se familiarisent avec cet éclat: l'un se couche, en jouant, dans le bouclier de son Père; l'autre sourit d'un air enfantin à chaque mouvement du panache, qui surmonte le casque brillant du Héros. Germanicus montre à son Epouse la joie de leurs enfants; mais dans ces tristes instants, où la tendresse conjugale est dévorée par mille inquiétudes, l'amour maternel, quelque fort qu'il puisse être, ne donne que de faibles consolations. La tendre Agrippine, qui tâche en vain de cacher son émotion, recommande mille fois son Epoux à la Noblesse qui l'accompagne, et le suit longtemps des yeux, accablée de craintes et de sollicitude."]
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