Notes |
['"Questions coloniales, questions électorales, questions sociales entretiennent en Belgique une atmosphère toute combative. A la veille du renouvellement de la chambre, la vieille animosité des francophiles et des flamingants revêt une âpreté accrue: témoin l\'écrit où M. Buis, président de la Ligue de l\'enseignement, rejette sur la prépondérance des influences latines l\'infériorité de la Culture intellectuelle en Belgique. Il est reposant d\'échapper à cette obsession pour saluer l\'attrayante figure d\'une Hollandaise que les terreurs, les partispris, les efforts des gallophobes eussent fait spirituellement sourire. Mme de Charrière vient de rentrer en grâce auprès de ses compatriotes. Le bel et intéressant ouvrage de M. Philippe Godet a servi de passe-port à l\'enfant prodigue. Si Isabella van Tuyll van Serooskerken eut la fantaisie d\'épouser un Suisse et d\'écrire en français, elle n\'en fut pas moins Hollandaise et de bonne souche, avant de devenir cosmopolite comme le voulut son temps. Elle paya sa dette à la patrie néerlandaise en donnant une traduction française de Sarah Burgerhart, le célèbre roman de Betje Wolf, sa contemporaine et son émule. Après cent ans écoulés, la littérature des Pays-Bas peut, sinon la revendiquer, du moins lui accorder un souvenir honorable. A la fin du dix-huitième siècle, avant le mouvement national de 1830, elle semble clore la longue lignée des écrivains de mérite qui, nés aux Provinces-Unies, préférèrent à leur idiome maternel une langue étrangère. Moins\nintransigeant que les flamingants belges ou conscient d\'une plus forte tradition, le public hollandais fait à Mme de Charrière et ses amis un cordial accueil. La rebelle qui déserta si allégrement le vieux manoir de Zuylen près Utrecht n\'eût pas été insensible aux douceurs de ce retour posthume et glorieux". ']
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