Notes |
["[..] je lis comme une folle des cahiers que Ma Soeur [= Lubert] me donna hier. Elle fait un abrégé des Amadis et croit le traduire de gaulois en français. Cela est écrit on ne peut guère plus mal. A force d'abréger elle étrangle tous les faits et les entasse comme des échecs dans leur boite. Malgré cela je les lis avec une avidité qui n'est pas pardonnable. Je te quitte pour les reprendre; je voudrais qu'ils fussent déjà finis pour n'y plus penser. [...] J'ai lu hier mon perfide Amadis tant que le jour m'a éclairée. Mon Dieu, que cela est fou et pitoyable, et cependant on ne peut le quitter [...]\n\n[réaction de Devaux; p.470:] Je suis encore moins surpris de votre avidité sur les Amadis. Il y a mille ans que je meurs d'envie de les voir. Si je les avais trouvés, peut-être n'aurais-je pas eu le courage d'en lire un volume, mais en abrégé, je ne doute pas qu'ils ne m'attachent autant que vous. D'avance, je sais tout le gré possible à Votre Soeur de son entreprise, et je la remercie déjà du plaisir que j'en aurai. Quel que soit le style, les faits se font lire. Ne la chicanez pas tant sur cet article; vous retarderiez trop son ouvrage.\n[Graff. lettre 871, 11 juillet 1745, p.468:] Je ne puis te condamner sur les Amadis. Rien n'est si faux et rien ne se lit avec cette rapidité. Tes remontrances n'y feront rien: je gronderai Ma Soeur. Il est honteux de faire les fautes qu'elle fait.\n\n[réaction de Devaux, p.479:] Je vous envie [..] les Amadis. Que vous êtes heureuse de lire ces agréables folies! Si je soupçonnais les mettres d'aller à la postérité, je me garderais bien de vous avouer si franchement la préférence que je donne à ces billevesées. Mais entre nous, je veux bien être tel que le ciel m'a fait.\n\n[Graff. lettre 16 juillet 1745 no 873, p. 477:] Mais rends-moi donc raison, toi qui veux des causes demontrées de ce goût qui nous dévore pour les billevesées, car je ne suis pas moins sotte que toi pour les Amadis. Vois donc ce que c'est, car je n'y connais presque rien. [..]\n\n(svd 2003)"]
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